aucun rossignol ne pourra jamais fuir mon homme de paille

Publié le 2 Juin 2012

Tous les démons ne sont pas de Lisbonne, n'y sont plus, l'horizon y tient maintenant tout le pavé, de la Baixa jusqu'au Tage, Pessoa est mort, bien et mal chutent toujours de concert, mais vers l'orient du monde, en versets sataniques, la saudade ne peut être exportée, restons bien saisis de l'Europe aujourd'hui vide de villes, revendiquons tous l'après de ces siècles de nations enfin passées, clamons ce droit de pouvoir être enfin considérés abandonnés, voyageant parfois peut-être, mais sans plus aucun titre de séjour, droit de perdre enfin nos bagages, de plus en plus dépareillés, de ne garder du trône que le marchepied d'Êtres maintenant en pleine voie, pénétrés du brouillard, de ses pleurs que l'on voudrait partager, à travers Elle, et tous ses arbres finement rejointoyés de blanc.

 

 

Voyage, poésie urbaine, et infernale, ces autofictions doivent faire place aux non-humains. Ils sont légion de cette damnation, elle n'est personne, je suis seul, entre, c'est bien plus que cela, toutes les parties de moi qui étaient en ville sont ici fausses et vides, et ce quelque chose qui se déployait, tel un livre, n'est plus autorisé d'aucun possible. L'exil d'antan qui n'a pu avoir lieu survient en mon corps même, à jamais déplacé, et pas assez retenu pourtant de la rouille de l'âge encore: écartelé sans douleur entre la route et la chute, sans plus de tunique possible, rebelle malgré tout dans le refus de tout emprunt, en seule constante continue. Aucun rossignol ne pourra jamais fuir mon homme de paille.

Rédigé par h. j. g. de la barge

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