flotte une moitié sauvage

Publié le 19 Mars 2012

Y-ai-je cru, autrefois, dans l'une de ces maisons bourgeoises, catholiques – mais peu rutilantes – où les enfants étaient élevés dans l'attente de rien ? Nous étions tout juste abrités des balles perdues qui sifflaient en un trop loin pour ces parents que l'on aurait ailleurs dit "les vieux". Un jour très loin je m'évadai enfin vers la rivière de ses seins, vers son sauvage et vers son libre, vers ma survie de moitié dont j'avais bien risqué, O Platon ! ne jamais me souvenir. Sont-ce les Dieux qui ont coupé les premiers hommes, est-ce l'homme qui a coupé sa femme en deux ? Peu importe, flotte une moitié sauvage, centre du trou bleu toujours adolescent de contagion entre le réel et le rêve. Nos vies morcelées ne se soudent que peu aux restes diurnes de tous nos mondes antérieurs, et seule peut-être s'écoulait en l'enfance l'onde qui se donne; ensuite, ensuite, nous ne sommes plus que composteurs de tous nos corps, tentant l'unité première, de ce tout juste avant l'espace et le temps, tentant ce reste entre le cru et le cuit, ce sang entre le féminin et le masculin; nous sommes les tores-dus qui tentent le Moebius, dans ce voyage linéaire des coups en corps, mais qui explore pour le moins les quatre dimensions des sens. On tente parfois, et par plusieurs fois entre ses épisodes alimentaires, de se déterminer à la lumière de cet ailleurs confusément pressenti au-delà de l'enclave déjà arriérée où nous avons commencé, et souvent mal commencé; mais vient l'heure de vieux où l'ailleurs n'est plus, où tout ton espoir est sauf aussi, à construire encore ce réel qui ne fuit plus. Oreilles immenses de l'interne, liberté immense du lien entre tous les sans, blanc qui porte comme d'un toujours dix-sept ans un appel venu d'un Nordeste rouge de soi-même: la jeunesse du sacré.

Rédigé par h. j. g. de la barge

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