un train-orgasme de villes en ghats

Publié le 30 Avril 2011

Bourg haut et sans plus d'âge, le vent y pèse, les façades disposées à se murer, le touriste rare, mais ce quelque chose qui bruisse. Car ici c'est la ville des gens d'ici, d'abord. Lui en revient, de loin, et pourquoi se serait-il  re-posé ailleurs ? De chaque table voisine, et d'une génération de distance, il est reconnu. On est bien loin de Goa, quand-même, en ce Sud là mais il faut dire que ce matin le ciel était à écraser de la moisissure sur les biscottes molles, le canal anti-débordements reste vide, et les rabatteurs à emphase, le chat est attaché, les pigeons s'envolent. Passent: un étrange bébé, puis des retraités, qui ici ne jouent pas. Grands nez des autochtones mâles.

Le mythe du train qui ne s'arrêterait jamais est, sinon proche - et autant d'accélérateurs à sédentaires - sinon réactivé. Bien calfeutré (écharpe et veste légère), dans ce matin juste suffisamment frais, d'autocars en vrais trains, circule la terre, sans mots encore, rasa  conscient mais léger, le quai est toujours neuf, tous les villages du monde ont leur quai, et tous les autres du monde sont déjà-toujours sur le bateau. La mer, ou plutôt le vent, ou ses courants, ou les huitres de palétuvier: créent de nouvelles friches. L'orage, la plage, une magnifique soucoupe énorme a progressivement tout recouvert de ses masses grumeleuses et profondes et étranges, et j'étais premier homme sous la première angoisse dans la première steppe, heureux. Décidemment, seuls les bords (de tempête) parlent, grêleux et de feu en même temps.

Venant d'une route à l'instant chaud, infini et unique de la lumière couchante sur les salins d'hiver large. Une chapelle dit un lieu, un vent de causse. Un programme de farine brune et épaisse, couleur pierre, couleur ville aperçue de dix façons verticales ou horizontales, une ville mille-feuilles, difficile à goûter sans perdre des miettes qui en sont autant d'essence. Il reste beaucoup à dire sur ce papier-pierre, beaucoup à dire entre roche et ciel, et le fleuve s'acharne à inverser, inventer, cacher les strates. Au-delà encore de la jouissance-temps  immobile: ici le lieu arrache au temps, hyper-légende de chacun dans le courant des personnages, l'oeuvre elle n'a pas de sens, elle est notre plateau gagné par tous les vents, et ses ruines ne sont pas un imaginaire. Esthétique de l'existence brève et de la ruine corporelle, paradoxe commun, loin de tout désespoir, et qui nous laisse maître de la chair qui manque. Une chair multiple et ruinée, la ville est cette généalogie qui nous pousse et nous mord pour faire corps.

Zones érogènes que l'on thixotrope, les marches n'étaient pas gelées, je m'y enfonce sous la pression, elles m'accueillent-retiennent; le triangle de son épaule dorée, d'abord se donne-elle, puis vers son sein, à peine, l'autre main est la contraction, le spasme, régulier, intense, en direct, de la musculature-sphincter du sexe, et encore les lèvres, les dents, et la langue qui vient, tout croît, tout se fond mais dans l'intense, cela ne peut s'arrêter car cela est, est moi, est nous, est le corps, est le Réel.



Rédigé par h. j. g. de la barge

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