J'inhale et exhale (dé-lire)

Publié le 28 Avril 2010

L'ivresse: comme la douleur, cette incertitude sur son intériorité/extériorité. Cette interrogation sur son aptitude à nous transformer en senteurs, représentateurs aigus d'un dehors, ou à tomber en nous et participer de cette expansion interne du rasa au monde.

 

Mais, juste une bière pourtant, et le bâtiment d'en face, en coin agressif sortant de son quotidien, me rentre dedans en force, m'aplanit, me déplie les yeux, toutes ses fenêtres ouvertes, tous ses sexes faciles, écrasants mais plumeux, tandis qu'au sol jouent le pigeon et l'enfant malgré les adultes, bien loins. Tous les seins de la rue trépassent, jamais plus je ne pourrai me relire, maintenant j'ai pour toujours à dire sans les étapes du reluire, chaque phrase est métabolisée, déjà morte, inutile et séparée déjà de son délire. Dé-lire: j'y suis, j'en ai faim.

  

L'alcool inclut un bonus de satisfaction, mais seul le souffle du yogi est à la fois l'interne et le partout des êtres et des mondes. Si tout aussi éphémère est la perception de l'expansion qu'il induit, je sais, même une fois la résonance légère retombée, que ne suis plus aujourd'hui, de retour pourtant d'extase, ni spectateur de l'arrêt sur image, ni touriste d'un monde flottant, soit-il vibrant comme de la terrasse - observée autant qu'elle voit -, mais bien dépendant des jours à deux matins: hôte explorateur, hôte exploré. J'inhale et exhale.

 

Dehors, dans cette rue,  en bas, d'où j'observe et parle, il n'y a plus qu'un passage, il n'y a plus que des pas, qui abordent, tout s'agite, pétarade et passe, poussé au temps. Moi je suis avec toi qui grimace de foi, et ces feuilles grillent au vent même qui éteint leurs bouches. Qu'est-ce-que j'ai faim...

Rédigé par h. j. g. de la barge

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